Lorsque j’expérimente un état hypnotique, aucune règle prédéfinie ne dicte la manière dont mes premiers ressentis vont évoluer et s’approfondir. Parfois c’est une impression de plongée et une autre fois cela sera une élévation, selon le contexte. Il arrive également que je fasse les deux en même temps : une partie de moi monte alors qu’une autre descend. Dans tous les cas, le processus est toujours très progressif et l’issue est toujours la même : une douce stagnation associée à une subtile oscillation. Ce ressenti très personnel est autant vrai en auto-hypnose que lorsque je suis accompagné, en hétéro-hypnose.

Au fil des années, j’ai nourri certains ancrages très personnels qui me permettent des raccourcis bien efficaces ; je suis globalement satisfait des outils que j’ai à ma disposition, de ceux que j’ai pu construire pour me permettre d’avancer dans mon exploration intérieure, mes expérimentations hypnotiques et ma pratique en cabinet.

J’ai néanmoins un (petit) point sur lequel j’ai quelques interrogations, un chemin que je n’ai jamais emprunté et que je propose pourtant régulièrement à mes consultants : l’entrée rapide en hypnose via rupture de pattern.

J’entends déjà certaines personnes me reprendre, faire le distingo entre induction (hyper) instantanée, flash, rapide… Ici je fais simple : je considère qu’une induction est rapide s’il elle se fait en quelques secondes.

J’entends également certaines autres personnes me reprendre au sujet des ruptures de pattern, employant une autre sémantique ; de nouveau je reste simple : de mon point de vue, le déclencheur d’une induction rapide peut toujours être interprété comme une rupture de pattern, qu’elle soit kinesthésique, visuelle, auditive, qu’elle mette en jeu un mix de plusieurs sens ou qu’elle ne soit que pure confusion ou saturation. Le reste n’est que marketing et enrobage commercial, du “bullshit quantique” comme on en rencontre régulièrement. Donnez le nom que vous voulez à votre induction rapide personnelle mais les processus électro-chimiques déclenchés demeurent probablement les mêmes que pour une classique rupture de pattern.

Dernière précision : je parle bien ici d’induction et pas de ré-induction.

En tant que praticien, j’utilise les inductions rapides quand cela est utile ; j’en connais certains rouages, certains fonctionnements, et j’ai dans la tête des kilomètres de témoignages de sujets décrivant leurs entrées rapides en hypnose : des descriptions de brisures temporelles, de catalyseurs qui vous font basculer en une fraction de seconde, de processus binaires qui éteignent une partie de votre cortex pré-frontal, de brusques aspirations dans un vortex de lumière… Et tout cela “out of the blue”… Malheureusement, aucune de ces descriptions ou équivalentes ne me sont familières dans un contexte de mise en hypnose rapide, et ce n’est pas faute de m’être porté volontaire…

D’ailleurs, les praticiens proposant des stages d’hypnose rapide ont-ils déjà tous eux-même expérimenté le processus qu’ils enseignent ? Je n’en suis pas sûr…

Basculer de l’état d’éveil à un bon état d’hypnose en deux secondes, sans contrôler le phénomène, ce n’est pas plonger dans un état d’hypnose pour faire plaisir à son praticien (ou son binôme quand on est en formation…). C’est l’induction qui crée l’état d’hypnose attendu (dont les fondations sont mises en place par un bon pré-talk), sans passer par la case “conscience”. Il s’agit bien là d’un véritable piratage “minute” de notre cerveau.

Mais pourquoi vouloir à tout prix expérimenter une induction rapide me direz-vous ? Quelle est la valeur ajoutée recherchée ?

La raison est simple : j’ai la chance d’avoir pu expérimenter et vivre la plupart des phénomènes hypnotiques que je peux déclencher chez mes consultants et j’ai la conviction que ma pratique s’en trouve définitivement renforcée. Quelle légitimité aurait un boulanger qui ne mange pas de pain ? Un auteur qui ne lit jamais ? Ces comparaisons sont triviales mais vous voyez ou je veux en venir…

Alors faut-il être câblé d’une manière particulière pour être sensible aux inductions rapides ? Faut-il absolument être vierge de tout préjugé ou image d’Épinal ? Faut-il obligatoirement manger des pizzas ? Avoir vu les huit saisons de “Game of Thrones” ? (c’est pourtant mon cas…)

Suis-je victime d’un panaché d’attentes excessives et de croyances limitantes ? D’une résistance inconsciente ? Très certainement… En attendant, je propose (parfois) à mes consultants une boisson que je n’ai jamais bue, même si j’en connais les ingrédients…