Je fais suite à mon précédent témoignage et vous propose mon analyse de ce que mon consultant et moi avons pu vivre le temps d’une session d’hypnose.

Je prends donc un petit moment pour rassembler mes idées et mes intuitions, je vous les livre sans arrière-pensée, ne prétendant par détenir la vérité, bien loin de là…
Il est sûr que mon précédent témoignage m’aura permis de fixer certains de mes ressentis mais probablement que certaines sensations se seront retrouvées modifiées voire travesties parce qu’utilisées et exploitées dans le cadre d’un témoignage écrit… (encore une croyance tiens…)

Mon consultant est un sujet doué, lui faciliter un état d’hypnose, un glissement de sa conscience est plutôt aisé. Lors de cette deuxième séance, ma position de praticien est bien ancrée dans sa tête et les quelques doutes qu’il aurait pu avoir deux semaines auparavant n’existent plus. Le sujet est mûr, curieux et volontaire, totalement disponible.

Eric a expérimenté des choses après cette première séance, il a fait un rêve et a désormais une idée en tête : il veut communiquer avec son grand-père décédé.

Les précautions et les recadrages que j’ai pu faire par rapport à cette future reconnexion n’auront sans doute eu qu’un impact minimal et Eric était probablement déjà en transe quand il a poussé la porte de mon cabinet (très certainement que cette transe préparatoire a commencé à se construire à la “sortie” de son rêve).

Moi praticien, je mesure cet état second, cette “proto-transe”, lorsque je dialogue avec Eric ; plusieurs marqueurs physiologiques s’allument et attirent mon attention alors que j’ignore mon inconscient qui commence à pointer le bout de son nez.

Ma distance et ma neutralité sont rapidement biaisées car l’émotion et l’attente excessive d’Eric me ramènent consciemment et inconsciemment à ma propre histoire, à mon propre grand-père. Le contre-transfert s’immisce dans l’équation hypnotique alors même qu’une partie de moi l’observe et le remarque : une dissociation prend naissance et je l’accueille avec un enthousiasme aussi réel qu’inconscient…

S’ensuivent une (ré)induction rapide et un enchaînement technique afin que l’inconscient d’Eric atteigne sa destination (ou ma propre destination ?). À ce moment là, je qualifierais la transe d’Eric de stuporeuse, les signalings sont faibles, la diction est laborieuse, la physiologie d’Eric est ralentie…

De mon côté, j’évite la case transe stuporeuse pour sauter à pieds joints sur la case transe somnambulique. J’ai la vanité d’ignorer certains marqueurs de ma transe, sans doute parce que j’ai la croyance qu’une certaine progression doit être respectée pour façonner un tel état… Je suis dans l’illusion de la réalité grâce à cette partie de moi qui accompagne Eric avec une orientation très pragmatique…

Et puis je bascule, alors que mon consultant vit sa propre expérience.

La partie de moi qui est là pour accompagner et guider Eric se met de côté (prête à intervenir si besoin ?) pour laisser la place à cette partie inconsciente de ma caboche qui souhaite se reconnecter, elle aussi, à son grand-père décédé… Ma stature, mes muscles se figent comme pour que je puisse profiter un maximum de l’expérience qu’une partie inconsciente me concocte affectueusement.

S’ensuit une belle hallucination visuelle et auditive, que je n’ai sans doute pas suffisamment nourrie, sauf si amnésie… Ma conscience se laisse berner comme un jeune ado jouant avec un street-hypnotiseur… Et j’en suis rétrospectivement ravi !
Les quelques mots que Eric-mon-grand-père a prononcés sont parfaitement limpides et ne peuvent être produits par Eric et son tonus musculaire proche du zéro absolu…

Ma conscience s’est finalement rattachée à un stimulus extérieur pour clôturer l’expérience et pousser de côté cet inconscient nostalgique un peu volumineux (qui fait tout de même un peu flipper…).

Voila ma compréhension des choses, elle vaut ce qu’elle vaut et probablement qu’elle évoluera avec le temps et les expériences vécues !